mardi 1 mai 2007

Mon ami Junger

Mon ami Junger s’est fait cloner. Ainsi, m’expliquent-ils, ils pourront se remplacer des organes s’ils tombent malade ou s’ils viennent à mourir. Quand je lui demande quel est l’original, ils sont bien en peine de me répondre et finissent par m’avouer qu’ils ont oublié. Il faudra pourtant que l’un réorganise l’autre si ce dernier tombe malade. Mon ami Junger sont d’accord sur ce point et proposent alors de se faire cloner.
Viendra le jour où ce monde ne sera plus qu’un vaste puzzle d’organe de mon ami Junger. Je serai déjà mort, je pense.

samedi 28 avril 2007

Mon ami Junger

Mon ami Junger m’invite à une fête qu’il organise, afin de me présenter tous ses amis. Pour me préparer, je m’habille et me déshabille plusieurs fois de suite, dans le but d’arriver en retard, et ainsi me faire bien voir de tout le monde.
Mais quelle n’est pas ma déception quand j’arrive à la fête.
Il y a là tous les amis de Junger, et je réalise que ce sont également les miens.
Tout le monde est là ; et nous ne sommes que deux.

mardi 17 avril 2007

Mon ami Junger

J’ai donné rendez vous à Junger dans un fameux restaurant parisien. Il arrive en retard, déguisé en femme. Je fais semblant de ne rien remarquer, pour ne pas le blesser, mais je le vois tripoter fébrilement sa fourchette, attendant manifestement que je dise quelque chose.
-« Tiens ! ; fais-je ;tu es déguisé en femme ».
Il me dit que oui, en effet, il est déguisé en femme. Qu’il voulait me faire une surprise en me présentant sa fiancée, mais que celle-ci n’a pas pu venir. Il me demande si je la trouve belle et je lui répond qu’elle lui ressemble.

dimanche 15 avril 2007

Mon ami Junger

Nous sommes en train de deviser, avec mon ami Junger, sur un forum de discussion de l’internet. Il me fait soudain part de son intention d’écrire son journal intime sur le réseau. Il pourra y exprimer ses humeurs, ses inquiétudes et son mal-être. Il pourra y parler de moi, de mes manies et de nos rapports compliqués. Et, qui sait, se faire des amis et devenir populaire.
Je lui fait remarquer que son idée est pour le moins étrange, que s’il l’expose ainsi devant des milliers de gens, son journal n’aura plus rien d’intime ; que sa démarche tient plus de l’exhibitionnisme égophile que de l’introspection constructive.
Mon ami Junger est convaincu par mes arguments et renonce à son journal. Quant à moi, je décide d’exprimer mes humeurs, mes inquiétudes et mon mal-être sur le http://monamijunger.blogspot.com/; d’y parler de Junger, de ses manies et de nos rapports compliqués. Et, pourquoi pas, me faire par ce biais des amis et devenir populaire.

mardi 10 avril 2007

Mon ami Junger

Nous sommes attablés, mon ami Junger et moi-même, à la terrasse d’un café. Je le vois manipuler un petit objet qu’il fait glisser entre ses doigts avec l’agilité d’un virtuose.
-« C’est une dent ; m’explique t-il ; que j’ai trouvée dans la rue l’autre jour. Je pense qu’elle est à moi. »
Il me regarde et attend une réponse. Je n’ai pas de réponse, car il n’y a pas de question. Je lui dis que oui, sans doute. Il la porte à sa bouche et la cale dans sa gencive. A la place de ses incisives, il a maintenant une molaire. Il me faudra du temps pour m’y habituer, mais après tout, pourquoi pas.

mercredi 4 avril 2007

Mon ami Junger

Nous sommes attablés au café, mon ami Junger et moi-même, discutant de tout et de rien. Il me fait part de son intention de se suicider. Il me fait également part de son intention de me suicider. Connaissant sa susceptibilité, et ne voulant pas le blesser, j’accepte, bien que l’idée de cette mort proche et voulue m’accable.
Je lui dis que peut-être, après tout, le monde n’est pas si mal que ça. Junger sourit.
Si.
Je lui propose deux demi-suicides. Il ne voit pas, j’explique : Nous sommes deux et nous nous demi-suicidons, soit en tout un suicide entier, le sien par exemple, et voilà. Nous serons unis jusque dans la mort.
Il ne voit pas le piège et accepte. Je suis sauvé.